" Noces de Sang " de Federico Garcia Lorca **
Cette belle œuvre littéraire est spécifique d’un théâtre, comme on l’aime, empreint de poésie, d’amour et de drames, à l’instar des tragédies grecques. Quoi de plus classique que deux hommes qui s’entretuent pour l’amour d’une belle, et qui finiront dans un bain de sang ? Mais voilà, quand les traditions familiales, l’esprit de vengeance, le code de l’honneur, et bien d’autres valeurs, témoignant d’un esprit féodal, sont brandies comme des étendards, la vie des hommes n’a pas grande importance…
« Noces de Sang » a inspiré bon nombres de créateurs. Au cinéma, notamment le talentueux réalisateur Carlos Saura et au théâtre, plus d’un metteur en scène, avec plus ou moins de bonheur…
Ici, le metteur en scène Vincent Goethals a mis en exergue la dramaturgie du thème de la pièce en choisissant une structure en bois rouge sang, couleur de toutes les passions, et un décor très graphique où, dans un clair-obscur symbolique, le jour et la nuit, l’ombre et la lumière, la lune et la mort se confondent dans le mystère d’une noce fatale.
D’emblée plane une atmosphère étonnamment lourde qui ne présage rien de bon et les noces de Federico Garcia Lorca ne pourront être que funestes.
De toute évidence, la mère du fiancé, la célèbre comédienne belge Anne-Marie Loop, pressant le drame qui va se jouer. Et tout au long du spectacle, elle nous entraîne dans des complaintes frénétiques faites de douleur et de joie. Magnifique artiste !
Certes, le metteur en scène nous offre de beaux tableaux (notamment le voile de la mariée qui servira de nappe sur la table du banquet) superbement éclairés par le grand créateur de lumière Philippe Catalano.
Avec générosité, Vincent Goethals se mêle aux invités de la noce (des spectateurs-figurants choisis préalablement parmi le public, et renouvelés chaque soir) qui entonnent des chants andalous, chers au poète, à l’écrivain espagnol, assassiné par des fascistes. Un groupe de musiciens interprète avec panache des chansons espagnoles d’un autre temps.
Malgré tout, le spectacle manque de puissance. On peut déplorer que ne soient pleinement « exploitées » et mises en valeur la magnifique façade et la très grande scène du Château « Renaissance » de Grignan. On a connu des spectacles grandioses à la hauteur de ce lieu magique.
Le costume est trop grand pour cette œuvre qui aurait dû nous envahir d’émotions, tant le sujet est grave. C’est bien dommage !
Quoiqu’il en soit, cette adaptation théâtrale garde toute la poésie et le romantisme du texte de Lorca, c’est pourquoi elle mérite d’être vue. Alors, n’hésitez pas à profiter d'une soirée estival dans un cadre magique !
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** Château de Grignan - BP 21, 26230 Grignan. Réservation : 04 75 91 83 65 / château-ladrome.fr Permanence téléphonique après 18 h, les soirs de spectacle : 04 75 91 83 65.
Spectacle à 21 h, durée 2 h., jusqu'au 25 août 2018
Lydie Léa Chaize
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