Mes Coups de Coeur Culturels et bien d'autres...

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" UN RAPPORT SUR LA BANALITE DE L'AMOUR "

 

 

« Ce qui sépare les amants du monde qui les entourent,

c’est le fait qu’ils soient dépourvus de monde,

que le monde se consume entre les amants ». Hannah Arendt.

 

Cette pièce de l’argentin Mario Diament, journaliste et auteur dramatique,

est l’histoire d’une passion entre deux êtres, et non des moindres,

Hannah Arendt et Martin Heidegger.

Œuvre de fiction basée sur des faits réels, cette pièce est magnifiquement

interprétée par Maïa Guéritte (Hannah Arendt) comédienne dont la

formation est multidisciplinaire et le parcours déjà bien riche, et André

Nerman (Heidegger) qui en a assuré la mise en scène. Ce comédien a

interprété et mis en scène de nombreuses œuvres classiques, des

spectacles divers dont le spectacle musical sur Jacques Brel qui a connu

un immense succès en 2010. André Nerman joue en français et en anglais,

de pays en pays: les USA, la Russie, le Maroc, le Japon, …

 

D’emblée, la rencontre entre Hannah Arendt, âgée de vingt ans et

Heidegger, son mentor qui en a le double, est comme un feu d’artifice

dans les échanges intellectuels à propos de la pensée de Platon.

Tout comme « La Banalité du Mal » notion, par ailleurs, chère à Hannah

Harendt, cette « Banalité de l’Amour » inspire, plus que le texte ne l’explicite,

de longues réflexions philosophiques sur la passion entre ces deux êtres

d’exception, sur la fidélité dans le couple, sur l’engagement idéologique ou

pas de Heidegger, Recteur de l’Université de Fribourg sous la période du

nazisme naissant.

Leur dernière rencontre  nous émeut par l’intensité des sentiments

toujours là, bien ancrés en chacun d’eux, vingt cinq ans après…

Hannah Arendt accordera-t-elle son pardon à son amant qui la supplie et

se défend de son antisémitisme ?

Les avis des spectateurs peuvent être controversés.

Qui, de penser que Heidegger était un homme (comme beaucoup !...)

lâche, aveugle et faible voulant préserver sa carrière et sa famille avant tout.
Qui, de penser qu’il était surtout un philosophe, assoiffé de nature dans

laquelle il aimait  à se réfugier pour élaborer et enrichir sa pensée.

Quoiqu’il en soit, cette situation suscite l’étonnement car, tout séparait ces

deux être. L’un était un catholique convaincu, l’autre une juive visiblement

pas concernée par sa juidéïté mais malgré sa passion, volontaire, lucide et

déterminée face à une situation prévisible…

Hitler n’avait-il pas écrit « Mein Kampf » ?

Cet amour fait d’abandons et de retrouvailles secrètes successives nous

invite  à rechercher la vérité historique, sur ces deux immenses philosophes

du XXème siècle.

A n’en pas douter cette pièce a une longue carrière devant elle en

France, ayant déjà remporté de nombreux prix en Argentine et en

Floride

Tout concourt à son succès : la qualité de l’écriture, la parfaite maîtrise

des mots des comédiens et leur belle présence. La scénographie de

Stéphanie Laurent, la mise en lumière et la sobriété des décors laissant

toute leur place au texte et au jeu des acteurs.

En alternance, une vidéo de Marion Brunet et sur fond sonore en

bande son, au piano Laurent Clergeau.

Tout concourt à un spectacle de grande qualité dont se dégage une

certaine beauté.

A ne pas manquer cette pièce dans ce théâtre mythique où se joue

encore l’indétrônable pièce " La Cantatrice Chauve " créée en 1950 !

 

*  Théâtre de la Huchette, 23 rue de la Huchette 75005 Paris

    01 43 26 38 99 et  www.theatre-huchette.com

 

 

 

                                                             Lydie-Léa Chaize, journaliste

                                                                                            mai 2013

 

 

 



18/05/2013
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