Mes Coups de Coeur Culturels et bien d'autres...

Mes Coups de Coeur Culturels et bien d'autres...

" Article 353 du Code Pénal " de Tanguy Viel * *

Tirée du roman de Tanguy Viel sorti en 2017, cette pièce nous présente un perdant magnifique, incarné par un comédien impeccable Vincent Garanger.

 

Sur fond d’un écran géant, une vision emblématique d’une mer démontée non loin de la rade de Brest, le comédien Vincent Garanger incarne les étapes d’une vie tout aussi tourmentée, celle de Martial Kermeur. Celui-ci, un homme « de peu », comme on aurait pu le qualifier au XIX émet siècle, tente d’expliquer une vie chaotique due à la malchance, à la fatalité, voire à son incrédulité ….                      C’est face à un juge, dans un huis clos « intérieur » que Martial Kermeur se raconte. Ancien ouvrier de l’Arsenal, socialiste convaincu, licencié spolié, divorcé, escroqué par un agent immobilier véreux et arrogant dénommé Antoine Lazenec, Martial Kermeur est accusé de l’avoir tué, son corps ayant été retrouvé dans la mer.

Le juge, joué par Emmanuel Noblet, est quasiment mutique bien que, parfois compréhensif à la fin,          en disculpant le coupable et en requalifiant faussement le crime en accident ! De son corps lourd et vindicatif, de sa voix accablée, émouvante et chaude, Vincent Granger nous emporte, tour à tour, dans le long récit d’un homme coupable de s’être fait justice lui-même, nous entraînant dans les dédales de considérations politico-sociales, notamment celles des années 80 à 90 à Brest.                              L’histoire se passe sur fond d’un capitalisme néo libéral croissant, alors que la lutte sociale perdure. L’homme est en proie aux exigences des liens familiaux, notamment à la difficulté de ses relations avec son fils. En proie également à une justice qu’il faut convaincre, il est en droit de se demander :                « Qu’est-ce que la justice ? Est-elle toujours écrite ? Est-elle toujours juste ? « Le pire des assassins n’aurait-il pas des circonstances atténuantes ? » , dit en substance Martial Kermeur, estimant que sa dignité d’homme a été bafouée par un escroc méprisant de la pire espèce, qui se croyait supérieur aux gens les plus démunis. Ainsi, le romancier Tanguy Viel « dissèque de l’intérieur les rouages d’une manipulation, jusqu’à nous placer au moment exact du dernier ressort, celui de la dignité de l’homme » sic.

 

La sobriété de l’adaptation de l’œuvre ainsi que sa mise en scène par Emmanuel Noblet laisse toute la place au jeu subtil du comédien qui nous captive. Un moment de théâtre intense que nous offre Vincent Garanger, de la plus belle des manières. Ni humble, ni coléreux simplement un humain vulnérable, face  à la réalité d’une société démunie, en mal de vivre…..

 

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* * THEATRE DU ROND-POINT, 2 bis avenue Franklin Roosevelt 75008 Paris                                                 

     Tel : 01 44 95 98 21 / theatredurondpoint.fr

 

 

                                                          jusqu'au 15 février 2025

 

 

                                                                                                          Lydie Léa Chaize

 

   



06/02/2025
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