" Le Dernier Jour d'un Condamné " ****
S’il est un moment de théâtre qui nous prend aux tripes, c’est bien au cours de la représentation de cette pièce, écrite par l’un de nos meilleurs auteurs français Victor Hugo. Face à l’atrocité de la peine de mort voulue par les hommes, il aura été la figure de proue de la suppression de cette sentence, en faisant parler un condamné à mort. Là est le sens de ce moment théâtral unique.
Unique parce que le texte est remarquable, unique parce que William Mesguich est bouleversant de vérité. Il incarne, avec ce brio qu’on lui connaît, un homme en perdition, dans la force de sa jeunesse et contradictoirement vulnérable. Dixit ces mots : « En effet, je suis jeune, sain et fort. Le sang coule librement dans mes veines; tous mes membres obéissent à tous mes caprices ; je suis robuste de corps et d’esprit, constitué pour une longue vie; oui, tout cela est vrai ; et cependant j’ai une maladie, une maladie mortelle, une maladie faite de la main des hommes. »
L’adaptation de David Lesné et la mise en scène de François Bourcier donnent une intensité exceptionnelle à ce spectacle lumineux, auréolé d’une rare beauté.
En ces temps particulièrement difficiles, liés aux attentats, notamment en Europe, certaines petites voix se font entendre pour remettre en question la loi du 17 septembre 1981 que Robert Badinter, alors Ministre de la Justice a mis tant de sa personne, pour faire adopter cette loi promulguant la suppression de la peine de mort en France.
Alors, si d’aucuns ont des velléités de vouloir abroger cette loi, il faut impérativement qu’ils Voient cette pièce. A l’instar de la phrase de Saint Exupéry dans le Petit Prince : « On ne voit bien qu’avec le cœur ».
Oui, les tourments de ce condamné à mort dans sa cellule ne peuvent nous laisser insensibles, notre humanité en dépend. Les interrogations de ce condamné, ses espoirs en une grâce de dernière minute, ses envies, ses inquiétudes au sujet de sa petite fille de 3 ans, ses peurs, déroulées sur une musique vibrante, des bruits assourdissants des portes de prison et des chaînes du condamné, accentuent les propos dramatiques de ce condamné qui sera, finalement, guillotiné.
Que c’est beau le théâtre quand il interpelle la conscience des hommes !
« Le Dernier Jour d’un Condamné », est un plaidoyer déchirant contre cette barbarie extrême !
A ne pas manquer.
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* Studio Hébertot, 78 bis Boulevard des Batignolles 75017 Paris.
Réservations : 01 42 93 13 04 / www.studiohebertot.com
jusqu’au 4 novembre 2017.
Lydie Léa Chaize
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