mai 2012, "Peer Gynt" de Henrik Ibsen
La pièce « Peer Gynt » de Henrik IBSEN à l’honneur dans le Salon du Grand Palais *
La Troupe dela Comédie-Française s’est déplacée dans ce vaste espace qu’est le
Salon d’Honneur de 1200 m 2 , spécialement restauré et aménagé pour donner
toute l’ampleur et la magnificence à l’une des plus importantes pièces écrites par Ibsen.
En avant-goût de la culture théâtrale et pour accéder au lieu du spectacle, nous
pouvons apercevoir sous la Nefdu Grand Palais les impressionnantes réalisations
plastiques de Daniel Buren, célèbre pour ses colonnes du même nom près des
jardins du Palais Royal.
Pour en revenir à cette pièce, Ibsen disait lui-même « Je n’ai jamais rien écrit d’aussi fou ».
Certes, cette pièce est folle, pleine de burlesque ( parfois trop ! ) et d’extravagance
mais, Peer Gynt ce personnage faible, sans réelle volonté si ce n’est celle d’assouvir
des désirs pitoyables, est également pathétique dans ses errances et ses malheurs,
face au constat final de la vacuité de l’existence. Hervé Pierre, tout récent sociétaire
de la Comédie-Française, l’incarne avec talent et nous enchante par sa gourmandise
explosive aux multiples facettes. Et, que dire de sa mère (alias Ase) Catherine Samie, majestueuse dans son allure, sa présence, sa voix, sa diction parfaite. On ne
s’en lasserait pas !
Ce conte lyrique d’inspiration philosophique, sous forme d’un spectacle étourdissant,
est originalement mis en scène et scénographié par Eric Ruf qui n’en est pas à
son premier coup de maître puisque, sociétaire dela Comédie-Françaises depuis 1998
il a réalisé moult décors du répertoire de cette auguste institution. Ici, le spectateur
est installé sur des gradins de part et d’autre d’un chemin cahoteux (comme la vie !)
et devant lui se déroule cette saga :
« C’est comme un fjord naturel…une grande route sur laquelle défilent et se perdent
nos fantômes et nos rêves » sic. Tour à tour, dans des décors et accessoires très
imaginatifs sans cesse renouvelés (lampadaires, arbres, lit, carriole, mâts, vaisseau,…)
et dans une sorte de parade infernale, tous les personnages, comédiens et chanteurs
évoluent, enrichis de costumes fantastiques, folkloriques, colorés, exhubérants,
féeriques, conçus par Christian Lacroix dont la réputation n’est plus à faire ! Une
délectation visuelle !
Après quelques années d’une vie faite aussi d’errances en Europe, Henrik Ibsen est
retourné, vieillissant et nostalgique dans sa terre natale, la Norvège dont il n’a jamais
oublié la vie de ses compatriotes : « J'ai décrit, dit-il, ce que j'ai vu de mes propres yeux
autour de moi. Je l'ai inclus...Et des entrailles de la terre tournoient des êtres aux visages
de bêtes dissimulés,… des femmes et des hommes, tels que je les connaissais dans la vie."
Nul doute que cet écrivain prolifique aurait été heureux, tout comme le spectateur
d’aujourd’hui, d’assister à cet évènement grandiose que l’on doit à toute la troupe
de notre chère Comédie-Française.
Un grand moment de théâtre à ne pas manquer !
* Salon d’Honneur du Grand Palais, accès Square Jean Perrin, avenue
du Général Eisenhower 75008 Paris, jusqu’au 14 juin 2012
(durée 4 h 30 avec un entracte)
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