" UNE VIE " de Guy de Maupassant ***
Adaptation et Interprétation, Clémentine Célarié.
Ce premier roman de Maupassant fut publié assez tardivement en 1883, puisqu’il fut journaliste avant de se consacrer presque entièrement à l’écriture. Une écriture concise, une langue claire, efficace et, plus encore puisque Léon Tolstoï avait dit en son temps, à propose de ce roman : « C’est le plus grand chef d’œuvre de la littérature française après les Misérables ! ».
Ici, l’action se déroule dans le cadre grandiose des falaises d’Etretat sur les lieux de l’enfance de Jeanne, l’héroïne de Maupassant, interprétée par Clémentine Célarié. Jeanne, fille unique du baron Simon-Jacques Le Perthuis des Vauds et de la baronne Adélaïde, est une jeune adolescente de 17 ans, dans l’attente de l’amour. Dans l’attente du jour extraordinaire où elle serait alors « libre d’aimer ; elle n’aurait plus qu’à le rencontrer, lui ! ». sic.
Sa rencontre avec le beau Julien, le Vicomte de Lamare est une promesse de bonheur mais, pour un temps bien bref. Au cours de son voyage de noce en Corse, elle connait l’extase, en découvrant le plaisir de la chair !... Puis elle traverse sa vie dans une perpétuelle tourmente, où les tromperies se multiplient au rythme de ses désillusions. Julien a une maîtresse, Rosalie la gouvernante du château, et bien avant son mariage avec Jeanne il a eu un enfant avec elle. Jeanne sensible et romanesque, innocente et naïve découvre un époux pervers, rustre, intéressé, sans scrupule, qui la trompe effrontément, jusqu’à lui présenter sa nouvelle maîtresse !
Son seul salut, avait-elle cru, serait la naissance de son fils Paul. [Elle pleurait toujours, implorant son fils : « Dis, Poulet, tu ne me reprocheras jamais de t’avoir trop aimé, n’est-ce pas ? »]. Et pourtant, il partira vivre loin d’elle, n’aura de cesse de lui soutirer de l’argent finissant par la ruiner.
Dans « Une Vie », Maupassant dépeint avec une certaine vigueur voire une certaine violence, une société aristocratique aux mœurs décadentes à travers le prisme de la vie d’une femme parmi d’autres… Une œuvre éblouissante merveilleusement adaptée et servie par Clémentine Célarié, au sommet de son art. Pathétique, enjouée ou misérable mais, toujours naturelle de charme et de beauté, elle nous touche par sa sensibilité et son émotion qui donnent du sens au théâtre. C’est l’incarnation vibrante d’une femme avec ses pleins et ses déliés à l’instar des falaises imposantes d’Etretat surplombant la mer qui, dans le sac et ressac, ponctue les mots et les maux de notre héroïne. Clémentine occupe la scène avec dextérité et élégance. Du haut de la falaise elle se flanque devant le spectateur, au comble du désespoir, puis se retire pour mieux contrôler son chagrin, au gré d’une mer calme ou déchainée… Avec un talent théâtral et une maîtrise absolue du texte, la comédienne interprète tous les personnages ; elle est mise comme dans un écrin, grâce à la scénographie de Hermann Batz, à la mise en scène de Arnaud Denis, aux lumières de Denis Koransky et à la ponctuation sonore d’Abraham Diallo. Dans ce roman, la vie, l’amour et la mort s’entremêlent, Maupassant laissant le mot de la fin, une part de bon sens, dans la bouche de la gouvernante :
« Une vie voyez-vous, ça n’est jamais si bon ni si mauvais qu’on croit »
Courez voir et applaudir une comédienne au parcours foisonnant réussi, que je n’hésite à pas à nommer « Clémentine Célarié, La Magnifique ! ».
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*** Théâtre du Chien Qui Fume, 75 rue des teinturiers, à Avignon.
Réservations : 04 84 51 07 48 / http.www.lechien qui fume.
Tous les jours du lundi au dimanche (sauf les mercredi 17 et 24 juillet).
Jusqu’au 28 juillet 2019 à 19 h 10
Lydie Léa Chaize
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