"Chat en poche " de Georges Feydeau *
Georges Feydeau n’avait que 26 ans lorsqu’il écrivit cette pièce, et la fantaisie de la jeunesse transparaît à travers elle ; la vivacité aussi ! Quiproquos, répliques enlevées, situations délirantes, rien ne manque à cette comédie de boulevard qui sous des dehors loufoques, invite à réfléchir à la vanité des ambitions mondaines.
L’intrigue est simple, mais tout se complique bientôt à plaisir : un industriel du sucre (« enrichi sur le dos des diabétiques »…), non content d’avoir fait fortune, veut maintenant se faire un nom. Pour cela, il compte mettre en scène l’Opéra de sa fille, une réécriture de « Faust », rien que ça. Il projette donc d’acheter (car tout s’achète, n’est-ce pas ?) un ténor prestigieux par le biais de son ami Dufausset. Las ! Ce n’est pas le maître attendu qui débarque chez lui mais le fils de son ami, monté de Bordeaux à la capitale pour y poursuivre ses études. Persuadé cependant d’avoir affaire au ténor, notre bourgeois lui fait signer un contrat mirobolant ! Cependant, il est des pactes auxquels il faut bien réfléchir…
A partir de là, tout s’embrouille, tout s’enchaîne dans un tourbillon d’appétits divers : celui de la gloire, de l’argent, et du désir…celui-là même des femmes de la maison qui ne sont pas insensibles au charme du supposé chanteur.
Ne dévoilons pas tout. Disons seulement qu’au départ tout semblait courir à la catastrophe et pourtant tout est bien qui finit bien ! Ou du moins la morale est sauve puisque les épouses, un temps étourdies par la beauté du jeune étudiant, reviennent un peu dépitées à leur conjoint légitime et un couple qu’on n’attendait pas finit par se former. Le désastre de l’audition de Dufausset fils qui, pour le coup porte bien son nom, est rattrapé par une heureuse union.
Saluons la mise en scène de Anne-Marie Lazarini, les lumières et le décor de François Cabanat, élaborés par un duo dont la créativité et le savoir faire ont souvent fait leurs preuves. Une scène au plancher incliné montre que tout ne tourne pas rond dans cette famille de frappadingues. Uu mobilier dans un intérieur bourgeois certes, mais rehaussé de couleurs pop qui ne suggèrent que trop que la bonne ordonnance de ce foyer, lisse en apparence, peut exploser à tout moment !... Et c’est bien ce qui arrive ! Les costumes contemporains, signés Dominique Bourde, ne font que renforcer ce sentiment : les fous sont parmi nous, peut-être même sommes-nous des leurs…
« Chat en poche » a été joué de multiples fois depuis sa création. Ici, c’est un vaudeville atypique « sans mari trompé, sans jupon retroussé » nous dit Anne-Marie Lazarini. Servie par des acteurs portés par la folie ambiante, la pièce retrouve tout son éclat et son actualité. De l’usage de l’absurde pour dénoncer la fatuité:à méditer !
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* Théâtre Artistic Athévains, 45 bis rue Richard Lenoir, 75011 Paris
Réservations:01 43 56 38 32 / www.artistic-athevains.com
Jusqu’au 25 avril 2014
Sandrine Cambou
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