Mes Coups de Coeur Culturels et bien d'autres...

"DOLORES", un texte écrit par Yann Guillon et Stéphane Laporte ****

Inspirée de faits réels, cette pièce retrace le destin bouleversant de Sylvin et Maria Rubinstein, frère et sœur jumeaux. Enfants d’une danseuse juive et d’un aristocrate russe, ils grandissent en Pologne dans les années trente où ils assistent aux prémices de la montée de l’antisémitisme. Démarrant une carrière prometteuse dans un numéro de flamenco, tous deux décident de partir vers d’autres horizons: les plus prestigieux cabarets de Budapest, Berlin, Dusseldorf,…, les accueillent et leur numéro de flamenco remporte un succès fulgurant sur les scènes internationales. Succès interrompu par un nazisme dévastateur, ils se retrouvent piégés dans le ghetto de Varsovie, dont ils réussissent à s’échapper. Plus tard, Maria sera déportée dans les camps avec sa mère tandis que Sylvin entrera dans la résistance, soutenu par la rencontre fortuite et décisive avec Kurt Werner, un agent dissident de la Wehrmarht. Rôle incarné avec brio par François Feroleto, qui assume également d’autres personnages. Du rire à la désolation, entre instants de grâce et moments d’une profonde intensité, le spectateur assiste à des scènes où, subtilement les souvenirs retracent cette histoire singulière. Tous les artistes évoluent avec aisance et dextérité dans des ambiances conçues merveilleusement par Virginie Lemoine, qui n’est plus à son premier « coup de maître ».

https://youtu.be/bkbq2IzaoDghttps un lien, pour le moins incitatif

Olivier Sitruck, interprète remarquablement le rôle de Sylvin, en vieil homme qui raconte son histoire ainsi qu’en femme qui se travestit pour échapper à la gestapo. A ses côtés, Joséphine Thoby (Maria), Sharon Sultan (Dolorès, danseuse flamenco), Ruben Molina (danseur flamenco), Christo Cortès (chanteur et musicien) et Dani Barba (musicien) composent une troupe vibrante, soutenue par la scénographie de Grégoire Lemoine, par la bande sonore de Vincent Lustaud, la chorégraphie de Marjorie Ascione, l’assistance à la mise en scène de Laury André. Cette histoire douloureusement authentique nous rappelle que Maria Rubinstein et sa mère furent exterminées dans le camp de Tréblinka alors que Sylvin, meurtri, ne cessera jamais de danser, déguisé en femme, également pour honorer la mémoire de sa sœur jumelle Maria. « Je l’ai vue grimper à bord du train en direction de l’Est et je savais, tandis que nous nous disions au revoir, que ce serait la dernière fois que je la verrais ». « Etre séparé, c’est comme être déchiré en deux »…. Ce n’est qu’à la fin de sa vie que cet homme, Sylvin Rubinstein, cet artiste entravé a pu livrer le récit de ce parcours au destin hors norme. Tout concourt à la réussite de cette pièce écrite par Yann Guillon et Stéphane Laporte, qui ont su trouver les mots pour traduire avec force la passion de toute une vie, celle de la danse, de la musique, de l’art du flamenco. Une vie entrecoupée d’une puissance de résilience, face à la désespérance de certains hommes en proie à la barbarie. Quand le théâtre raconte, avec élégance et sans pathos, un pan tragique de l’Histoire qu’il est impératif de ne jamais oublier, il devient un acte de mémoire indispensable. Cette œuvre magistrale mérite de circuler à travers l’espace et le temps. -------------------------------------- **** Théâtre La Bruyère, 3 rue La Bruyère 75009 Paris. 01 48 74 76 99 / www.theatrelabruyere.com Lydie Léa Chaize

09/09/2025

0 J'aime 2 Poster un commentaire

A découvrir aussi

Retour aux articles de la catégorie THEATRE / DANSE/ MUSIQUE / CINEMA (Critiques) -

⨯

Inscrivez-vous au site

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 76 autres membres