Mes Coups de Coeur Culturels et bien d'autres...

Mes Coups de Coeur Culturels et bien d'autres...

" Les Eaux Lourdes " de Christian Siméon, mise en scène de Thierry Falvisaner *

 

« Il existe des amour qui, lorsqu’elles ne sont pas partagées, sèment autour d’elles crimes et désolations. Ces  passions pathologiques et mortifères sont par essence indestructibles » dixit l’auteur de cette pièce.                                                                                   

 

Des personnages qui se déchirent sont-ils pour autant condamnés à s’aimer ?

Sur fond de tragédie antique, cette tragédie moderne c’est Mara (selon le mythe de Médée) et Pierre (celui de Jason).

 

                                                         les-eaux-lourdes-lucernaire-la-parizienne.jpg

 

Elizabeth Madev alias Mara, mère infanticide, envoûtée par amour, nous offre des moments intenses d’émotion. Elle a tué son propre enfant tandis que l’objet de sa passion est entré en résistance au moment de la seconde guerre mondiale, accomplissant peut-être des actes de bravoure, à la recherche désespérément de son ami disparu. Comment peut-on ne penser qu’à soi, tandis que d’autres se battent dans le don total du sacrifice et de l’amitié ? Quel étrange personnage, quelle étrange femme qu’on a du mal à comprendre, qui ne suscite en nous la moindre compassion ! Pleine de son histoire, elle poursuit sa route aveuglément et récidive, puisqu’elle sera meurtrière pour la deuxième fois !

Authentique et juste, Christophe Vandevelde alias Pierre nous émeut. Les sentiments outranciers de son ex compagne le dépassent. Lui aussi est dans la souffrance mais, dans une souffrance plus noble, celle du don de soi, tandis que Mara n’est que dans la délectation morose, dans une pulsion de possession!...

Deux mondes sont en présence, aucune connivence entre ces deux êtres qui se retrouvent après une longue séparation: une femme outrancièrement amoureuse et un homme définitivement dans le désamour. Deux mondes, deux situations inconciliables entre deux êtres déséquilibrés, chacun à sa façon. Seul, le personnage d’Alix, interprété par Julie Harnois, tire son épingle du jeu. Alix, l’amie fidèle de Mara ? Certes non, puisqu’elle a une aventure avec Pierre  mais l’amie tout de même qui, dans le rôle de l’arbitre paraît être plus équilibrée…

L’auteur nous dévoile toute une palette de sentiments et c’est là toute la complexité du genre humain; c’est là aussi tout le drame des guerres, celui de l’incompréhension entre les êtres, celui de la domination de l’homme par l’homme…   

Il fallait une mise en scène sobre, celle de Thierry Falvisaner, pour que les mots gardent toute leur force et que les comédiens donnent toute leur mesure. Arnaud Aldigé dans le rôle de Ian, le fils « anormal », nous touche et l’amie Alix, au regard distancié, est crédible. Pierre a une sensibilité convaincante et, bien évidemment, la palme revient à Elizabeth Madev, éblouissante et pathétique dans sa folie meurtrière.

Aller voir Les Eaux Lourdes, c’est aussi revisiter les œuvres de Christian Siméon, le sculpteur, où les corps sont puissants à l’égal de son écriture. Des corps qu’il pétrit comme il pétrit les mots. Des visages à la Bacon déchirés et  meurtris par les épreuves…

 

A l’instar de ses sculptures, Christian Siméon nous offre ici une oeuvre théâtrale, inspirée des grandes tragédies grecques certes,  mais dont les sentiments humains sont de toute éternité.

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* Théâtre « Le Lucernaire » 53 rue Notre-Dame-des-Champs 75006 Paris

   Réservations : 01 45 44 57 34 / www.lucernaire.fr

   Jusqu’au 4 avril 2015

 

 

                                                                                                                                                      Lydie-Léa Chaize

 



25/02/2015
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